Argument

1926 : Freud – poussé en cela par des circonstances assez particulières, il est vrai – écrit et publie un texte sur la Laienanalyse, traduit en français sous le titre « Psychanalyse et médecine ». Il y argumente entre autres qu’il serait injustifié de considérer la psychanalyse comme une annexe médicale – en d’autres mots, que la psychanalyse n’a pas à être inféodée à la médecine.

            1966 : Lacan, invité par Jenny Aubry au Collège de médecine, y déclare en substance que l’avenir de la médecine, irrésistiblement embarquée dans le progrès de la science, pourrait bien relever de la psychanalyse en cela que cette dernière lui semble le seul discours à même d’y maintenir vive la dimension de la clinique. Son propos, publié également ensuite sous le titre « Psychanalyse et médecine », fera scandale auprès de ses interlocuteurs universitaires et médecins.

            2018 : où en sommes-nous à présent ? Le monde, depuis presque cent ans, a changé – beaucoup. Comme le prédisait Lacan, la clinique n’occupe plus dans le champ médical que la part congrue que lui laissent des enjeux scientifiques, certes, mais aussi économiques et politiques, considérables. À s’occuper des maladies, la médecine tend parfois – souvent ? – à en oublier les malades, qu’elle s’efforce alors de reprendre en compte à coups d’humanisation des hôpitaux et de comités d’éthique. Mais est-ce pour autant suffisant à en faire vraiment autre chose que des objets de soin – suffisant pour les reconnaître comme sujets à part entière ?

            Et la psychanalyse ? Est-elle toujours en prise avec le monde contemporain ? La clinique et l’éthique sur lesquelles elle se fonde s’articulent-elles toujours aux contraintes et aux symptômes du siècle en cours ? En d’autres termes, apporte-t-elle toujours la peste – et l’apporte-t-elle toujours dans le champ médical, venant ainsi garantir la pérennité de celui-ci ?

            Autant de questions qui en soulèvent bien d’autres, parmi lesquelles on peut énumérer, pêle-mêle, celles posées par les politiques de prévention et de soin, la « médicalisation de l’existence », les « nouvelles » façons d’agencer symptômes et diagnostics, les modes de conception de l’autisme, des troubles de l’attention et de nombre d’affections neurologiques, le traitement de la douleur et de la fin de vie, les conséquences éthiques de « nouveaux » procédés thérapeutiques, etc., etc.

            Autant de questions, donc, que nous déplierons lors de ce colloque – ouvert aux médecins, aux psychologues, aux psychanalystes, aux philosophes et éthiciens, aux chercheurs et enseignants, aux étudiants et à tous ceux qui se préparent au monde de demain – et auxquelles nous tenterons de proposer, très humblement, quelques réponses adaptées à ce temps en train de naître.

   

AFFICHE

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